Apocalypse Introduction
Introduction
Son auteur s'appelle Jean. Chrétien exilé dans l'île de Patmos, il raconte qu'il a été saisi par l'Esprit saint le « jour du Seigneur » (le dimanche). Il a été entraîné dans un tourbillon de visions déroutantes, colorées, souvent violentes et, au final, pacifiées. Ce qui s'y dévoile, c'est le sens de l'histoire humaine.
L'essentiel
Dès les premiers mots du livre (1.1-8) nous apprenons qu'il s'agit d'une révélation divine (en grec apocalypsis signifie “révélation, dévoilement”), qu'elle vient de Jésus Christ et que le lecteur peut en attendre le bonheur.
Ouverte par la vision d'un étonnant « fils d'homme », une première partie (1.9–3.22) retranscrit des messages du Christ à sept Églises d'Asie mineure. Dans une deuxième partie (4.1–11.18), Jean, transporté au ciel, enchaîne les images fulgurantes. Lors d'une liturgie céleste, un agneau, à la fois égorgé (comme pour un sacrifice) et vivant, ouvre un livre mystérieux ; au rythme de la rupture des sept attaches du livre puis de la sonnerie de sept trompettes, le monde s'écroule. La troisième partie (11.19–20.15), inaugurée par l'ouverture du temple céleste, décrit la défaite du mal multiforme et monstrueux. Enfin, dans la quatrième et dernière partie (21.1–22.5), le monde nouveau est illuminé et vivifié par la présence de Dieu et de l'agneau. En conclusion (22.6-21), tous les acteurs disent « oui, que cela vienne ! »
Avec ses images fantastiques, ses guerriers, ses anges, ses monstres, ses jeux chiffrés, le livre s'inscrit dans un type de littérature dit « apocalyptique ». Cette littérature qui s'est développée entre le 2e siècle avant et le 2e siècle après J.-C. veut révéler que la victoire de Dieu est plus assurée que les troubles du temps. On en trouve de beaux exemples dans le livre de Daniel. Les prophètes Ésaïe, Ézékiel et Zacharie en ont été les précurseurs.
L'objectif du livre reste d'actualité. Il nous faut discerner le mal à l'œuvre dans le monde – un mal aux formes plus ou moins actives, plus ou moins larvées. Nous devons y résister mais pas n'importe comment : il convient de passer par la contemplation et l'écoute de Jésus Christ crucifié et ressuscité, lui qui a triomphé de la mort.
L'Apocalypse est un livre d'espérance. Or, pour bien des gens, « apocalyptique » signifie « catastrophique ». Ce contresens est né de la puissance des images qui se bousculent dans le livre, puissance décuplée par les représentations artistiques. Pourtant, les illustrations mozarabes des 11e et 12e siècles ou les gravures d'Albrech Dürer en 1498, par exemple, nous ouvrent à la dimension symbolique de l'œuvre.
Pour aller plus loin
Rédigé, pense-t-on, au tournant du 1er au 2e siècle de notre ère, l'ouvrage s'adresse à des chrétiens qui sont membres de communautés situées dans la région turque actuelle d'Izmir (Smyrne). Ils traversent une crise. Laquelle ? Peut-être une persécution. L'empereur romain du moment pourrait être Domitien qui a régné de 81 à 96. On l'a comparé à Néron et il a renforcé l'absolutisme en exilant des personnalités (Jean a pu en faire partie) et même en les exécutant. Il a également développé le culte impérial (avec des temples et un clergé), ce qui était une manière de canaliser la piété populaire en soudant les populations. Des chrétiens n'ont-ils pas été tentés de s'accommoder de cet état de fait ? Alors Jean hausse le ton. Il dénonce la politique et la religion impériales. À la manière des anciens prophètes, il veut surtout ranimer les chrétiens découragés et secouer les autres, ceux qui oublient que, depuis Pâques, des rapports nouveaux travaillent l'histoire humaine… D'où l'appel constant aux mots de leur foi. Ses visions sont remplies d'éléments tirés de l'Ancien Testament : images pour dire la création, paroles de cantiques, références liturgiques, valeur symbolique des nombres et des couleurs.
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