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Esther Introduction

Introduction
Le titre reprend le nom du personnage principal : Esther. Le livre raconte comment cette jeune femme juive devenue reine de Perse a sauvé son peuple d'un massacre.
L'essentiel
Le livre s'ouvre sur la façon dont Esther (son nom hébreu est Hadassa, “Myrte”) devient reine (1.1–2.20). Ayant renvoyé Vasti, son épouse qui l'a humilié, le roi perse Xerxès choisit Esther parmi toutes les jeunes filles du royaume. Or elle est la fille adoptive de Mardochée, un Juif fonctionnaire au palais.
L'intrigue se noue autour d'un conflit entre Mardochée et Haman, le premier ministre (3.1–9.19). Pour se venger, Haman obtient qu'un décret royal fixe à une date précise l'extermination des Juifs du royaume. Mardochée supplie Esther d'intervenir. Or la reine a interdiction d'approcher le roi sans y avoir été invitée. Malgré le danger de mort, elle le fait. Elle invite alors Xerxès à deux banquets avec Haman qui, dans le même temps, fait dresser la potence pour Mardochée. Dans un magnifique renversement de situation, le roi se souvient d'un service rendu par Mardochée, Esther dénonce Haman comme ennemi des Juifs et Haman est pendu à la potence. Puis Esther et Mardochée obtiennent du roi la permission de publier une lettre qui autorise les Juifs à se défendre, y compris par la violence, le jour prévu pour leur extermination.
Le livre se termine par l'institution de la fête de Pourim (voir 3.7 note ; 9.24) afin de se souvenir à jamais de cette délivrance (9.20–10.3).
Structurée par le thème de l'élévation et de la chute, la narration est menée avec rythme et rebondissements. La description de la cour royale avec ses banquets et ses règles est d'ailleurs moins historique que dramatique : elle donne le cadre de l'action. Les personnages sont typés. Il y a du suspense, de la psychologie et même de l'humour. Le ressort de l'intrigue est la haine d'Haman envers les Juifs. En contraste, il y a la fragilité et le courage d'Esther ainsi que la fidélité de Mardochée.
Beaucoup de biblistes pensent que le livre a été rédigé à l'époque hellénistique, entre le 4e et le 2e siècle avant J.-C. Sous l'hostilité d'Haman, nous devinons celle des rois grecs. Le livre pose, entre autres, la question de la place des Juifs dans un monde dominé par des étrangers. Elle rebondit aujourd'hui : dans une société où les croyants sont minoritaires, comment vivre sa foi ? Un élément surprend toujours : le Seigneur n'est jamais nommé de façon explicite. On a juste des allusions en Est 4.14 et 6.1,13. Peut-être sommes-nous ainsi invités à discerner l'action de Dieu dans des événements qui semblent, à vues humaines, le fruit du hasard. L'histoire de Joseph en Égypte le dit à sa manière (Gen 50.19-20). Ce n'est pas la moindre des actualités du livre.
Le livre d'Esther enchante ses lecteurs par son intrigue et il choque par la violence qui répond à la violence. De tous les livres bibliques, il est le seul à être absent des manuscrits de Qumrân. Quelques scènes sont néanmoins représentées sur les murs de la synagogue de Doura-Europos (Syrie, 3e siècle de notre ère). Aujourd'hui, dans le judaïsme, il est lu à la synagogue le jour de la fête de Pourim, fête joyeuse et très populaire. Lorsqu'il a été traduit en grec, il a été modifié : il est à la fois plus théâtral et plus religieux. C'est cette version grecque qui a inspiré les artistes au long des âges, tels le peintre vénitien Véronèse, le poète français Jean Racine, le musicien allemand Haendel, émus par le destin d'une jeune femme qui a frôlé la mort afin que son peuple vive.
Pour aller plus loin
Le livre d'Esther reprend toute une série de motifs bibliques. Il y a, bien sûr, l'histoire de Joseph qui, ministre dans un pays étranger, sauve son peuple (Gen 37–50). Il y a aussi le livre de l'ExodeMoïse affronte un pouvoir qui veut nuire aux Israélites. Les deux livres instituent chacun une fête juive : la Pâque et Pourim. Cependant, dans l'Exode, le salut vient par le départ de l'Égypte, tandis que le livre d'Esther encourage les Juifs à vivre au sein d'une société non-juive.

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