1 Corinthiens Introduction
Introduction
Paul a séjourné à Corinthe entre 50 et 53 de notre ère (Act 18.1-18). Il a fondé ainsi la première Église de cette grande ville portuaire de Grèce. Peu après, vers 54, alors qu'il est à Éphèse, il rédige cette longue lettre, alerté par divers sujets alarmants. Parce qu'ils sont immergés dans la culture grecque, plusieurs Corinthiens pensent que le salut de Dieu est à rechercher dans un savoir supérieur ou une sagesse.
L'essentiel
Après les salutations d'usage, Paul rend grâce à Dieu (1.1-9). Il introduit le thème de l'union avec le Christ sur lequel il va revenir. Suivent divers développements.
Dans le premier, il part des divisions dans la communauté (1.10–4.21). Selon lui, elles viennent de fausses idées sur le rôle des apôtres d'abord, sur l'Évangile ensuite. La « bonne nouvelle » n'est pas une parole de sagesse humaine ; elle est l'annonce de la croix du Christ, vrai lieu où se réalise l'unité.
Les cinq développements suivants touchent à des problèmes concrets (5.1–11.1). Il est question d'un cas d'inconduite conjugale, de recours aux tribunaux, de fréquentation des prostituées, du choix entre mariage et célibat, d'achat de viandes sacrifiées aux divinités païennes. Fascinés par les questions de spiritualité, les Corinthiens dédaignent le corps et le quotidien ; ils deviennent soit très laxistes (« tout m'est permis »), soit trop austères, usant mal de la liberté offerte par le message du Christ.
Trois développements s'attachent au culte chrétien (11.2–14.40). L'un concerne les règles de bonne tenue dans les assemblées de prière, l'autre l'égalité de tous, riches ou pauvres, lors du repas du Seigneur. Le troisième vise la diversité des dons de l'Esprit et c'est l'occasion d'un magnifique éloge de l'amour (13.1-13).
Un dernier développement porte sur la résurrection des morts (15.1-58). Commencé par une profession de foi en Jésus mort et ressuscité, il se termine en évoquant la transformation qui attend les croyants à la fin des temps.
En conclusion, Paul appelle à un geste de solidarité, une collecte pour les frères et sœurs de Jérusalem, et il partage son désir de venir à Corinthe (16.1-24).
En terre grecque, loin de Jérusalem et du sol où s'est incarné le salut de Dieu, Paul nous laisse la figure d'une Église jeune, avec ses tiraillements, ses priorités et sa folie : la croix du Christ ou, pour le dire autrement, l'amour.
Partout, Paul met le Christ au centre. C'est au Christ qu'il ramène pour juger de ce qu'il faut faire ou non. Son éloge de l'amour est d'abord l'éloge du Christ. Il nous faut admirer son art de revenir ainsi à l'essentiel quand la vie ordinaire est en cause. Le ton qu'il emploie est également exemplaire. Alors qu'ailleurs, dans la Lettre aux Galates par exemple, il peut être cassant, ici il ne cesse de rappeler à ses interlocuteurs leur dignité en Christ, ce qui lui permet de leur tenir un discours comme « devenez donc ce que vous êtes… » Y a-t-il plus belle actualité de la lettre ?
Par ailleurs, Paul le Juif s'adresse à des personnes issues d'une culture différente. Il tente alors de juger et de penser dans le langage qui est le leur. D'où une interrogation pour nous : comment communiquer la richesse de notre foi dans des cadres de pensée qui nous sont étrangers ?
Pour aller plus loin
La thématique du corps traverse la lettre. Dans le monde grec, le « corps » désigne non seulement le corps physique mais tout organisme social dont les membres sont solidaires : l'État, l'assemblée du peuple, etc. Paul part donc du corps humain dans sa double dimension relationnelle, d'abord sexuelle (5–7) puis conviviale lors des repas (8–11). Il passe ensuite au corps du Seigneur, corps partagé dans le culte eucharistique (10–11). De là, il en vient au corps-Église (12–14). Enfin, avec la résurrection, il revient au corps humain « animé par l'Esprit » (15).
L'image de l'Église comme « corps du Christ » deviendra célèbre. Paul souligne ainsi l'union totale du Christ et de l'Église. Elle s'accomplit dans la participation au repas du Seigneur et rejaillit sur la communauté de vie des chrétiens. L'Église-corps se construit dans la diversité et la complémentarité des membres – comme dans le corps humain – et non pas dans leur division. Soulignons que le Christ n'est pas ici un membre du corps parmi d'autres, il en est la tête et le corps tout entier.
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