Et tiens compte de ton Créateur ╵au temps de ta jeunesse,
avant que t’adviennent ╵les jours mauvais
et avant que viennent ╵les années dont tu te diras :
« Je n’y prends pas plaisir ! » ;
avant que s’obscurcissent ╵le soleil, la lumière,
et que la lune et les étoiles ╵perdent leur éclat,
et que les nuages reparaissent ╵sitôt après la pluie.
C’est l’époque où se mettent à trembler ╵les gens qui gardent la maison,
et où se courbent ╵les hommes vigoureux,
où cessent les broyeuses ╵car les voilà trop peu nombreuses,
et où celles qui regardent par les ouvertures ╵sombrent dans l’obscurité ;
où les deux battants de la porte ╵se ferment sur la rue,
où le bruit de la meule ╵s’affaiblit,
où l’on se lève ╵dès le chant de l’oiseau,
et où faiblissent toutes les chanteuses.
C’est le temps où l’on craint la moindre pente,
et où l’on a peur en chemin :
où l’amandier fleurit,
et où la sauterelle devient lourde,
où la câpre n’a plus de goût.
Et ainsi s’en va l’homme ╵vers la demeure qui l’attend, ╵dans les ténèbres
et, déjà, les pleureuses ╵s’assemblent dans les rues.
Oui, tiens compte de Lui ╵avant que se rompe ╵le fil d’argent,
que se brise ╵la coupe d’or,
que la jarre à la fontaine se casse,
que la poulie se brise ╵et tombe dans le puits,
que la poussière ╵retourne à la terre ╵comme elle était auparavant,
et que l’esprit retourne ╵à Dieu qui l’a donné.
Dérisoire, absolument dérisoire, dit le Maître, oui, tout est dérisoire !