Proclamation dont Habaquq, le prophète, a reçu la révélation.
Jusques à quand, ô Eternel,
appellerai-je à l’aide
sans que tu ne m’entendes ?
Jusques à quand devrai-je ╵crier vers toi ╵au sujet de la violence
sans que tu sauves ?
Pourquoi me fais-tu voir ╵de telles injustices ?
Comment peux-tu te contenter ╵d’observer les méfaits ╵qui se commettent ?
Je ne vois devant moi ╵que ravage et violence,
il y a des querelles,
et des conflits surgissent.
A cause de cela, ╵on ne respecte plus la loi,
et le droit ne triomphe pas.
Car les méchants ╵empêchent les justes d’agir,
les jugements qui sont rendus ╵sont corrompus.
– Regardez, traîtres, ╵et observez !
Vous serez stupéfaits, ╵vous serez ébahis,
car je vais accomplir ╵en votre temps une œuvre ;
vous ne le croiriez pas ╵si on vous en parlait.
Je vais faire venir ╵les Chaldéens,
peuple féroce ╵et déchaîné,
qui parcourt les étendues de la terre
pour prendre possession ╵des demeures d’autrui.
Il est terrible et redoutable,
il impose lui-même ╵son droit et son pouvoir.
Ses chevaux sont agiles, ╵plus que des léopards,
et ils ont du mordant, ╵plus que les loups du soir.
Ses coursiers se déploient,
ils arrivent de loin,
ils volent comme l’aigle
lorsqu’il fond sur sa proie.
Oui, les voilà qui viennent ╵tous adonnés à la violence ;
le visage tendu, ╵ils foncent en avant.
Voilà les prisonniers ╵rassemblés, innombrables ╵comme les grains de sable.
Partout, ce peuple traite ╵les rois avec mépris,
et il se rit des princes,
il se rit de toutes leurs forteresses ;
il élève contre elles ╵des terrasses de siège
et s’en empare.
Puis il change d’avis ╵et il passe plus loin.
Il se charge de crimes,
lui qui voue sa force à son dieu.
– N’es-tu pas depuis l’origine, ╵ô Eternel ?
Tu es mon Dieu, mon Saint,
tu ne meurs pas.
O Eternel, ╵toi le rocher, ╵c’est pour exécuter ╵le jugement ╵que tu as suscité ce peuple,
et tu l’as rendu fort ╵pour qu’il soit l’instrument ╵du châtiment.
Tes yeux sont bien trop purs ╵pour supporter la vue du mal,
tu ne peux accepter ╵de voir des méfaits se commettre.
Pourquoi supportes-tu ╵la vue des traîtres ?
Pourquoi gardes-tu le silence ╵quand l’impie engloutit ╵un plus juste que lui ?
Tu traites les humains ╵tout comme des poissons
ou comme des bestioles ╵qui sont sans maître.
Car le Chaldéen les prend tous ╵à l’hameçon,
il les drague dans son filet
et les entasse dans sa nasse.
Alors il se réjouit ╵et il exulte.
Alors il offre ╵à son filet des sacrifices,
il brûle de l’encens ╵en l’honneur de sa nasse,
car il obtient, par eux, ╵une pêche abondante,
des repas plantureux.
Continuera-t-il donc toujours ╵à dégainer son glaive
pour égorger les autres peuples ╵sans aucune pitié ?